Par aurélie bordeleau
Les 29, 30 et 31 août dernier, j’ai eu la chance de vivre une expérience très particulière qui m’a amenée à changer ma façon de voir mon engagement envers notre Terre Mère. Grâce à la fondation des Offices jeunesse internationaux du Québec (LOJIQ), j’ai pu participer au projet d’engagement citoyen organisé par Ecolotrip, la Week-Éco. Pour sa deuxième édition, le « forum annuel qui réunit des jeunes francophones acteurs de la lutte contre les changements climatiques et la protection de l'environnement pour des échanges instructifs et des partages de connaissances pratiques et d'expériences » se déroulait au Bénin.
Les 26 et 27 août, nous étions quatre jeunes québécois impliqués dans la lutte pour le climat à prendre place à bord d’un avion pour aller à la découverte d’autres jeunes francophones partageant le même combat que le nôtre, soit la lutte aux changements climatiques... Eh oui, je vous vois venir! Dans le contexte social actuel où, pour être reconnu comme une personne respectueuse de l’environnement, on nous demande souvent d’être en parfaite concordance avec nos valeurs, je n’ai pu m’empêcher de me questionner quant à l’impact qu’aurait mon vol en direction de l’Afrique sur l’environnement. N’a-t-on pas plus que jamais besoin de tisser des liens entre pays pour avancer dans une direction commune pour l’environnement?
À la Week Éco, j’ai vu des jeunes réinventer le monde avec peu. Je les ai vu, le feu dans les yeux et la main sur le coeur, créer des projets innovants pour leurs communautés.
D’ailleurs, de nombreuses façons de compenser nos émissions de gaz à effet de serre existent. De mon côté, je fais mon épicerie majoritairement dans des commerces dans lesquels je peux amener mes propres contenants, j’utilise des produits naturels autant pour ma personne que pour ma maison et je favorise principalement l’achat local, autant pour mes vêtements et mes accessoires que pour mon alimentation, notamment en ayant mon propre jardin.
Selon moi, acquérir de nouvelles connaissances, échanger, innover ensemble et rêver d’un monde plus vert transcendent les impacts négatifs de nos déplacements. Nos nouveaux acquis pouvant être réinvestis dans nos communautés respectives, nous pourrons créer une meilleure cohérence dans nos actions. Grâce à notre rencontre, nous avons tous et toutes pu constater la concordance de nos actions individuelles et, en échangeant, nous avons pu bonifier de part et d’autre nos façons de faire.
Lors de mon passage en Afrique, j’ai été inspirée par la jeunesse du Bénin, du Togo et de la Côte d’Ivoire. J’ai eu la chance d’assister à la présentation de plusieurs projets portés par de jeunes leaders, de recevoir des formations sur de nouvelles façons de participer à la lutte contre les changements climatiques et de me positionner sur des actions possibles à faire chez nous, en synergie avec les autres.
Durant le forum, j’ai été particulièrement impressionnée par le projet de Manolline Brunelle, une jeune Béninoise qui s’est vu remettre un financement pour son projet Educ’Eco, une initiative promouvant le développement durable par l’éducation dans les écoles aux alentours des villes de Savalou et de Dassa, au Bénin.
De plus, voir cette cohérence existant de part et d’autre de l’océan et cette nécessité pour nous, humains de partout sur la terre, d’en faire plus, m’ont fait cheminer et grandir. D’autres pays à travers le monde vivent, à l’instant où vous lisez ces lignes, les conséquences de notre inaction collective face aux changements climatiques. L’expansion des déserts et de nos terres dévastées par les feux de forêts, l’accroissement des inondations partout dans le monde et les canicules de plus en plus courantes dans les pays d’Asie… C’est non seulement bien réel, mais ça se passe sous nos yeux!
Au Nord, nous avons davantage de moyens pour changer les choses. À la Week Éco, j’ai vu des jeunes réinventer le monde avec peu. Je les ai vu, le feu dans les yeux et la main sur le cœur, créer des projets innovants pour leurs communautés. Il est temps d’utiliser les ressources que nous possédons pour créer des solutions collectives à cette crise. Comme l’a si bien dit Marc Langlois lors de l’événement La planète s’invite au Cégep, au matin de la marche pour le climat du 27 septembre dernier, nous nous devons d’utiliser des solutions collectives face à une situation qui nous touche tous telle que la crise climatique.
Quand on parle de justice climatique, on parle de reconnaître le privilège que l’on a de vivre dans un pays aussi choyé que le nôtre. Un pays où la collecte d’ordures, de recyclage et de compost pour certaines villes, fonctionnent bien. Un pays où on interdit de plus en plus la vente de sacs de plastique et de bouteilles d’eau à usage unique. Un pays où il est facile d’acheter des produits en vrac et où l’électricité qui y est produite est propre. Depuis mon retour, je déborde de gratitude d’avoir eu la chance de naître dans un pays de grands espaces, de pouvoir connaître la beauté de la nature et le plaisir d’en profiter. Je suis reconnaissante d’avoir l’occasion de vivre des événements qui m’amènent à me positionner comme femme dans cette société qui, parfois, nous laisse peu de place.
D'autres pays à travers le monde vivent à l'instant où vous lisez ces lignes, les conséquences de notre inaction collective face aux changements climatiques.
Je suis également reconnaissante de pouvoir vivre des expériences qui nourrissent mes valeurs et mes espoirs d’un monde plus juste, plus équitable et plus solidaire.
Au Québec, non seulement sommes-nous privilégiés, mais nous nous devons de le reconnaître afin de continuer à lutter contre le réchauffement climatique. Nous avons le pouvoir de rendre justice à tous les peuples du monde, à commencer par ceux qui vivent dans notre pays. La justice climatique, ça commence ici et maintenant.